mercredi 25 janvier 2012
La fin d'un cycle ?
mardi 17 janvier 2012
Des difficultés de François Hollande
Le démarrage de campagne de François Hollande est bien difficile. Certes, le candidat montre une pugnacité et une réactivité à la hauteur des enjeux. Cependant, il commence cette campagne dans une situation qui ne lui est pas favorable, puisque que l’actuel président est particulièrement à son aise dans les périodes de crise, et que l’enchaînement des événements place le favori des sondages dans une alternative douloureuse.
Première possibilité : François Hollande se positionne sur toutes les étapes des négociations, sur toutes les mesures prises par l’actuel gouvernement, et il risque d’une part d’apparaître comme la mouche du coche, et d’autre part de perdre la maîtrise de sa campagne. En effet, ce sont les décisions de Nicolas Sarkozy – et ce dernier continue à en prendre – et ses initiatives, comme de rouvrir le dossier de la TVA sociale, qui font événement. En 2007, le candidat Sarkozy avait pris en main l’agenda des présidentielles, et ne l’avait pas lâché jusqu’à la victoire ; manifestement, il tente aujourd’hui de reproduire cette stratégie.
Seconde possibilité : François Hollande prend une certaine distance, partant du principe que le gouvernement gouverne et qu’il prépare l’alternance. Le risque est alors d’apparaître déconnecté des enjeux très concrets de la crise des dettes souveraines ; surtout, il importe alors d’avoir un programme à la fois précis et crédible.
Les annonces qui seront faites le 21 janvier vont donc être déterminantes, parce qu’elles conditionnent en grande partie la possibilité pour le candidat socialiste de reprendre la main qu’il a pour l’instant perdue dans cette campagne électorale, et d’éviter des dérapages comme celui concernant le quotient familial, que nous avons connu il y a peu.
Nicolas Sarkozy réussit pour l’instant à maîtriser l’agenda de la campagne alors qu’il n’a pas de programme. François Hollande n’est pas en position, pour l’instant, de profiter de cette dernière faiblesse.
Si la désignation du candidat avait été faite plus tôt (comme le souhaitait d’ailleurs François Hollande) et liée plus clairement au choix d’un programme, les choses seraient plus aisées pour l’ancien premier secrétaire du Parti socialiste. Il aurait eu le temps d’enfoncer le clou sur ses propositions principales, de familiariser l’électorat avec elles. J’ajoute que la campagne y aurait certainement gagné en qualité.
Faire d’abord un programme, désigner ensuite le candidat, le charge ensuite à la fois de faire campagne et de définir son programme présidentiel par rapport au programme du parti, c’est placer le candidat dans une situation presque inextricable. C’est aussi, finalement, limiter dramatiquement les possibilités de choix politiques offertes aux Français qui votent pour les partis de gouvernement.
Bien sûr, cela ne condamne pas François Hollande à l’échec. On ne sait pas quel effet la perte du triple A aura sur l’opinion, et il peut encore se passer bien des choses d’ici le premier tour. Je voulais juste souligner ici l’insuffisance du système des primaires, non pas en lui-même, mais tel qu’il a été mis en œuvre, comme adaptation du Parti socialiste au système de la Vème République post-1962.
Tout l’enjeu de la réflexion institutionnelle, et tout l’enjeu de la réflexion organisationnelle qui s’impose aux grands partis politiques français, c’est bien de contrebalancer le risque inhérent au fait que l’élection présidentielle est devenu l’élection décisive de la vie politique française. Georges Pompidou l’avait compris très tôt, qui avait inventé le terme de « majorité présidentielle ». Lionel Jospin et Jacques Chirac avaient montré à quel point cette logique était intériorisée par les acteurs politiques en inversant, en 2002, le calendrier électoral, qui prévoyait que les législatives devaient se tenir avant les élections présidentielles.
Le seul moyen désormais, pour les grands partis, de ne pas être complètement évacués du débat politique, c’est de lier la compétition pour l’élection présidentielle, le débat programmatique et même, à mon sens la question du leadership du parti. D’une certaine manière, l’élection de Nicolas Sarkozy en 2007 est de ce point de vue canonique : prise de contrôle de l’UMP, organisation d’une série de conventions pour construire un programme, thèmes de campagne bien identifiés et pouvant être martelés.
Le parti socialiste a certainement plus de familiarité avec le débat interne et plus de diversité que l’UMP. Il lui faut préserver cette habitude de la discussion en l’insérant dans une organisation apte à favoriser, pour les électeurs, la tenue d’un discours clair et concret.
Pour l’heure, et sauf une bonne surprise le 21 janvier, le débat de la campagne reste un débat par ricochets, qui porte sur des mesures isolées, non sur une politique cohérente.